Une lettre oubliée

Celle-ci je ne sais pas pour quoi je l'ai écrite, mais hier, en lisant la lettre postée par Roumi, très émouvante par ailleurs, j'ai pensé à faire la même chose.C'est à croire que je suis née amoureuse...et tourmentée... c'est par ici:

Je t’ai écris une lettre qu’un nombre non négligeable de fois, j’ai effacé.

Je l’ai écrite la première fois que j’ai écouté le morceau, pour dire à quel point de toutes les fentes, les fissures et les embrasures de mon corps, à quel point j’ai vomi mon trop plein de ce sentiment abject qu’est le manque de toi. Ce n’est pas qu’un manque, c’est le besoin de me vider…de déverser en toi tout l’amour que j’ai gardé de nos jours heureux.

Mais je l’ai effacée…Parce que moi je n’aimerais jamais que ça m’arrive…une lettre d’amour d’un homme que je n’aimerais pas !

Je sais qu’en m’envoyant cette chanson tu voulais me faire parvenir le même message. Je le sais, bien que tu ne veuilles le reconnaitre. Pour quoi donc me l’avoir envoyé cette chanson et pas une autre ?
J’ai crié …

Oui je sais, çà ne te changera pas…

…j’ai, pour la première fois, dis ce que je pensais…tu ne t’es pas défendu…je sais pour quoi…parce que tu as peur d’endosser la responsabilité au cas où je m’en irais vraiment…parce que c’est simple…tu n’as pas envie que je m’en aille pour de bon…

As-tu la hantise de ne plus me voir apparaitre?

As-tu la même hantise que moi de ne plus avoir un semblant d’amour…un semblant d’histoire ancienne au cours de laquelle ton cœur rétrécissait à chaque fois que l’on était loin, l’un de l’autre… ou quand ton cœur ne voulait plus habiter sa cage quand tu avais mes mains dans les tiennes ?

As-tu la même peur de t’être lourdement trompé en se laissant partir l’un l’autre…comme si tous ces soirs, sur ce quai, nous n’avions jamais humé l’odeur l’un de l’autre ! Comme si, nous n'avions jamais imaginé notre vie, nos enfants, nos peines, et nos peurs de nous voir finir l’un avant l’autre ??
Comme si jamais, tu n’avais enfui ta tête dans mes cheveux…comme si jamais je n’avais enduis tes mains de mon parfum…

je sais que tu as la peur de ne plus laisser de souvenir de tout cela…

Alors dis-moi pourquoi tu ne le dis pas …un seul mot nous sépare et tu me le refuse, pourquoi !!?

Dis-moi si je me trompe…dis-moi qu’est-ce qui n’allait pas ?

Pas assez ou pas vraiment ?

Dis-moi !!!

Il faut que tu me le dises…je ne pourrais vivre au travers d’un écran, je ne pourrai continuer à vivre dans l’espérance que tu veuilles un jour m’appeler…me dire que c’est moi … !

Ne t’excuse surtout pas…je ne supporterai tes excuses…je veux juste que tu viennes pousser la porte et faire comme si de rien n’était !

Pourquoi cette chanson ?? Pourquoi ?

Tu l’as envoyé à combien de femmes avant moi ?

Pourquoi après tout ce temps… ? Dis-moi pourquoi ! Par pitié réponds-moi !

Je t’ai dit toute la colère que tu as laissé macérer en moi…toute la douleur que tu m’as laissé couver, toute le ressentiment que j’ai cultivé envers le destin…je ne sais pourquoi tu m’as encore habité des mois après…

je sais ce que tu vas me dire…

Je l’ai dit à des flopées d’hommes avant toi… « Efface-moi »…cet impératif vindicatif, mais ô combien lâche !

Tu m’ordonneras de le faire, parce que tu as la certitude que je ne le ferai pas…tu as encore la prétention que je ne le ferai pas…j’ai presque envie de rire …

Tu sais ce soir là, j’ai décidé de partir sans toi, c’est parce que j’ai eu un regain de conscience, un regain de force et de magnanimité. Je suis partie sans toi, parce que je ne comprenais pas que tu sois aussi mort. Aussi mort …oui.

Et si je suis partie ce soir là…sans toi…c’est parce que j’ai eu peur de donner mon amour, à un monstre…

j’aurais tout essayé…

Je veux juste comprendre, pourquoi tu ne le reconnaîtras pas !...tu sais, je vais encore une fois te faciliter la tâche, dis-moi juste deux mots…

Non … !! Nooon !ne dis rien…je méprise la manière avec laquelle je mendie les mots …les tiens.

Je ne veux pas que tu capitule. Loin de moi cette idée de te voir défait ... je ne saurais probablement jamais te rendre heureux… Je veux juste savoir pourquoi tu le tais et pourquoi aujourd’hui tu n’étais pas là !

Je sais pour quoi…

C’est parce je t’ai dis ce que tu n’aimerais jamais entendre…parce que tu le sais déjà…tu es parti comme un enfant blessé…comme un enfant apeuré…comme un enfant capricieux qui ne supporte pas que l’on lui tienne rigueur de ses bêtises…tu es parti

Et tu m’as punie…encore un jour sans toi …

Je te demande pardon, pardonnes-moi d’être là. D’être revenue après avoir décidé de partir…je suis partie blessée et tu n’as jamais daigné me retenir…tu m’as laissé filer…comme si je n’étais qu’une des autres…

Mais je suis revenue, je sais…tu m’as manqué…je suis revenue m’abreuver…

Non, ne dis rien !

Je ne veux pas que tu m’expliques…le mal est déjà fait.

Je suis juste venue, pour te dire que ce soir je m’en vais.

Je vais tout brûler…mes regards, l’intensité du tien… mes sourires béats, le tien qui m’obsède…tes mains noueuses, les miennes, les rêves, les nôtres, et tout ce qui me retient à toi…est-ce que j’ai le choix ? Non c’est le seul moyen… je vais bruler tout ce qui me rappelle mon désarroi…

Je vais bruler mes souvenirs, mes sentiments, mes appréhensions, mes attentes et la tourmente …ce soir j’ai une promesse à te faire…je te promets que de moi, plus jamais il ne sera question…que ces mots seront les derniers, faudra-t-il que jamais tu n’aies de remords…

Ce soir je n’ai qu’un seul regret. Mes yeux embués.

Ce soir je viens te dire que je m’en vais

Je vais te laisser le lit jamais défait…