Des routes et des destins

Un ami qui a vécu 8 ans aux USA, après avoir galéré à ses débuts, est finalement arrivé à lancer son propre projet. Un projet qui lui rapporte assez pour pouvoir prendre sa retraite à 40 ans. Il s’est privé du plaisir de rentrer en Tunisie pendant 5 longues années…et là depuis 3 ans il a fini par régulariser sa situation et par venir régulièrement rendre visite à sa mère…une vielle dame qui n’a personne pour s’occuper d’elle. Depuis quelques mois maintenant, il a ouvert une succursale de son enseigne à Tunis…aux Berges du Lac…et il sillonne le monde d’un bout à un autre. J’ai été très contente qu’il ait enfin réussi. D’où où il vient, on ne peut pas dire que la vie l’ait gâté. Il vient d’un milieu modeste, mais il est d’une éducation et d’une correction exemplaires. Et ce qu’il m’avait dit récemment m'a ravie. En ayant vécu aux USA il m’a expliqué que par la crise économique actuelle que traverse le pays de l’Oncle Sam, il trouvait qu’il était meilleur de venir investir en Tunisie. Que le climat des affaires était propice, que les choses bougeaient réellement. Et que les conditions ce sont vraiment améliorées depuis son départ aux USA. Il m’a dit que des opportunités, il y en avait vraiment pour ceux qui désiraient percer, et que les Etats-Unis n’était plus un pays viable. Lors d’un voyage en Afrique, alors qu’il était parti traiter une affaire, il voulait retirer de l’argent de sa banque ( américaine) on lui avait refusé l’accès à son compte. Il apprend plus tard à la télévision que ladite banque avait fait faillite, et que son argent était perdu…en attendant que les assurances interviennent pour rembourser les épargnants.

Il m’a aussi dit que de plus en plus de gens ont été mis à la porte par leur employeur. Les salaires ont baissé et que le monde des affaires est chaotique. Il comptait sérieusement rentrer définitivement au pays. « Les Etats unis c’est mon pays en quelque sorte, j’y ai vécu de très bons moments…des moments que je n’ai jamais eu l’occasion de vivre en Tunisie. Là-bas j’ai voyagé, je me suis éclaté, j’ai connu des gens d’horizons différents et j’ai été à la même table que des gens que je n’aurais jamais espéré côtoyer. La Tunisie ne m’a rien donné. Elle m’a tout refusé quand j’étais ici. J’ai connu des années très difficiles. Mais je sais faire la part des choses. Ça reste mon pays et ma terre natale. Et je compte aider comme le bon dieu m’a aidé. Il m’a sorti de la galère et je veux donner un coup de main à ceux, qui comme moi, ce pays n’a pas fait de cadeaux »…que dire de plus qu’un bravo. Et bon vent l’ami.

En même temps que le retour de cet ami, j’ai appris une nouvelle affligeante.
un autre ami est en train de nous quitter. Lui il était parti faire sa vie en France. Il a essayé, il s’est démené…hier j’ai appris qu’il souffrait d’une maladie incurable. A 32 ans…

Je me demande ce que vaut vraiment la vie…

J’ai bcp de tendresse pour lui et je me demande si après plusieurs mois de silence, si je pouvais l’appeler pour demander après lui…je n’ai pas le courage. J’ai pourtant promis à son frère de le faire.

je n’ai plus goût à rien.

Il mourra peut-être loin de ses parents…il ne reviendra pas parce que là-bas il est pris en charge pour ses soins…ici il n’aura pas le même privilège.
Et moi qui partirai peut-être bientôt…je me demande si j’aurais la force d’aller le voir…nous avons tellement rigolé quand nous étions à la fac…nous étions complices…j’ai peur en le voyant de faire émerger les années d’insouciance et de lui faire du mal. Je n’arrive pas à m’enlever cette nouvelle de la tête…